Jacques de Loustal vu par... Marc Villard

1 juin 2018

Cadillacs embourbées dans les marais, mer lasse, pins décharnés, saxos tristes sous les lampadaires, divas en extase près des moucharabiehs, renards des sables complètement stoned, égérie en béret rouge sur le chemin des douaniers, tueurs russkofs enfouraillés à Brooklyn, motels de détresse, Los Machucambos au Flamingo, chiens noirs sur des rivages souillés, Ocean Beach sous perfusion, divas en extase sur des sofas veloutés, barques échouées près des bambous, kayaks esseulés au couchant.

Voilà pour l’univers.

Mais le travail de Loustal ne peut être réduit au seul sujet. La sensualité du trait est permanente, le dessin structure l’espace, les flaques de lumière côtoient l’obscurité de la nuit bleutée. A la façon d’un Giorgio Morandi du décor, Loustal joue avec les ombres, pointe son projecteur sur les visages en fuite et impose sa marque. Comme chez les grands de la génération précédente, Moebius, Druillet, le trait est reconnaissable entre mille et nous pénétrons en territoire familier, ravis d’investir ce pays qui est le nôtre depuis déjà trente ans.

Marc Villard